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    Et si la douleur pouvait devenir une arme ?

     

     

      « Je n’aurais pas du être aussi dur avec elle… Elle était souffrante et je ne l’ai pas aidée comme j’aurais du le faire !

    - Sois pas en colère cont’ toi-même, d’un ça sert à rien, de deux, tu l’as réconfortée malgré tout. En plus, c’est ce qu’a dit Sage qui te rend nerveux comme ça… Tu sais ça m’inquiète, Dalya est notre amie, et j’crains le pire.

    - C’est vrai mais… Mais pourquoi est-ce que j’ai été aussi dur ?

    - J’continue à affirmer qu’c’est à cause de c’qu’a dit Sage…

    - C’est vrai. Mais… Non rien. Nous devrions aller voir ce qui se passe sur les remparts.

    - Ouais. »

    Ils rejoignirent leurs ainés et aperçurent les Velors de leur classe. Ils écoutèrent la conversation.

    « Vous ne pouvez pas nous aider, déclara Sage, c’est trop dangereux et votre formation n’est pas terminée.

    - Nous savons nous battre !

    - Il y a de puissants Velors, ne restez pas là. Cela vaut aussi pour vous, Drevor et Arya.

    - On vous aidera que vous le vouliez ou non !

    - Je vous ai dit…

    - Laissez tomber, intervint Arya, c’est pas la peine d’insister. V’nez. »

    Ses camarades la regardèrent, de la colère dans leurs yeux, ainsi que de l’incompréhension, car la jeune fille n’était pas réputée pour être obéissante,  mais un discret clin d’œil les convainquit de la suivre.

    « Heureusement que tu es raisonnable Arya, dit leur professeur qui n’avait rien remarqué.    

    - Mmm. »

    La jeune fille s’éloigna, suivie de Drevor et des autres adolescents. Ils firent profil bas alors qu’ils parcouraient les rues de Monivel. Ils virent peu de gens, et les rares qui les aperçurent ne semblèrent pas les soupçonner de faire une quelconque bêtise. Peu après, ils se retrouvèrent sur la colline qui surplombait le village, à l’opposé de là où se trouvait Sage. La muraille faisait le tour du village et passait derrière eux. Bien que ce soit une position défensive importante, personne ne s’y trouvait.

    « Bien, tout l’monde est là.

    - Tu vas nous expliquer ce que tu as en tête ?

    - Ben vous avez pas d’viné ? On va défendre le village bien sûr ! »

    Tous acquiescèrent, ravis.

    « On va leur montrer ce qu’on vaut, cria Pinel, on va leur mettre une raclée ! Même si je sais pas vraiment qui on va combattre… »

    Arya sourit. Toutefois à la pensée de Dalya, elle eut des remords.

    « Mais… Arya, intervint un Velor timidement, Tu sais comme nous que, n’étant pas vraiment une Velor, tes pouvoirs sont faibles. Tu es sûr de pouvoir participer ?

    -  Bien sûr ! Tu comptes quand même pas m’écarter ? Je l’sais et c’est pour ça qu’j’ai amené… ceci ! »

    Elle leur montra un arc et un carquois rempli de flèches.

    « J’me battrais avec ça. Et comme vous l’savez, j’ai le pouvoir du Poison, c’qui fait que j’peux empoisonner mes flèches ! »

    Drevor observa Arya. Depuis quand savait-elle se servir d’un arc ? Elle avait dû s’être entrainée en cachette…

    « D’accord, ça va alors. Tout le monde est prêt ?

    - Oui ! »

    Ils étaient une dizaine d’adolescents, tous très motivés et possédant des pouvoirs redoutables. Comment Sage pouvait-il refuser une aide aussi précieuse ?

    - Je propose que nous montions sur les murailles pour avoir une vue d’ensemble », dit Drevor.

    C’est ce qu’ils firent. Une fois arrivés en haut, ils contemplèrent le nombre de troupes adverses qui se trouvaient à l’opposé. Soudain, Drevor se demanda s’ils avaient une chance de s’en sortir. Ce qu’ils s’apprêtaient à faire lui semblait tellement relever de l’inconscience, face à la dure réalité. Il y en avait tellement… Des centaines de soldats mêlés à seulement trois Velors. Drevor se serait réjoui s’il n’avait pas su que quand on envoyait si peu de Velors avec une flotte si importante, c’était qu’ils étaient très puissants. Toutefois quelque chose clochait… Pourquoi tant de troupes ?

    « C’est incroyable, s’exclama Penlyha, il y en a tellement ! Monivel est pourtant petit, pourquoi ont-ils envoyé autant d’unités ?

    - Je n’en ais aucune idée mais nous devrions rester sur nos gardes. Nous ne savons pas de quoi ils sont capables, déclara Drevor, Faites attention, ils se rapprochent, utilisez ce que vous voulez, pourvu que ça leur fasse des dégâts ! Nous devons les empêcher de dévaster le village.».

    Les autres approuvèrent. Malgré leur désavantage numérique, les adolescents semblaient ne pas s’inquiéter. Le jeune homme espérait que c’était plus du courage que de l’inconscience. Si la défense tournait mal, il savait où se replier, et cela le rassurait. Et il pressentait que ce serait le cas… Et même, comment pouvaient-ils tenir tête à une aussi grande armée ?

    « Préparez vous à attaquer ! »

    Aussitôt chaque Velor chargea ses mains de Flammes ou de Poison, selon son pouvoir. Tandis qu’Arya bandait son arc après l’avoir enduit de Poison, son regard croisa celui de Drevor et ils pensèrent à la même chose : Dalya. Si elle avait été là ils auraient pu conjuguer leurs forces, mais ce n’était pas le cas et il allait falloir faire sans elle.

    Drevor avait le pressentiment que leur position allait être attaquée. Mais en attendant il fallait aider les autres qui se trouvaient en bas. Même s’il n’était pas facile de viser, l’armée était si étendue que l’on était sûr de toucher quelqu’un. En pensant aux autres… Drevor était encore étonné que Sage ait refusé leur aide, face à une attaque de cette envergure. Il ne comprenait vraiment pas, toute aide aurait dû être la bienvenue. Mais il devait se concentrer, car il savait que trop réfléchir pouvait lui nuire pendant la bataille. Bientôt les ennemis arriveraient dans leur ligne de mire et il fallait qu’ils soient coordonnés pour plus d’efficacité.

    Ses compagnons ne semblaient toujours pas mesurer la dangerosité de la bataille qui se préparait… Il y avait plusieurs centaines de soldats en plus des Velors ! A quoi pensaient-ils ? Ils auraient au moins dû être crispés, inquiets, craintifs… Pourquoi étaient-ils donc si excités et sûrs d’eux ? C’était incompréhensif, surtout pour Drevor qui était très anxieux. Il regarda Arya, postée à côté de lui. Elle semblait aussi soucieuse mais ses yeux étaient deux perles que l’excitation faisait étinceler d’une couleur claire et pourtant vive.

    Sur les remparts, les Velors étaient si concentrés que Drevor entendait les battements de son cœur. Le silence était tellement présent que parler lui paraissait être un sacrilège. Toutefois quelqu’un brisa le silence.

    « Maintenant », murmura la jeune fille aux cheveux auburn.

     

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  • « Eh Drevor, on arrive…

    - Ouais on a intérêt à le convaincre. On doit le faire pour Dalya.

    - T’as raison. »

    Pour la deuxième fois de la journée, ils firent irruption dans la pièce alors que Sage faisait cour. Cette fois-ci, les élèves étaient plus âgés. Ceux-là avaient autour de douze ans.

    « Vous êtes revenus… Attendez, je vous prie, j’ai bientôt fini. »

    Les deux amis s’assirent et assistèrent au cours :

    « Le monde est régit par plusieurs divinités. Les principales sont Suhez le dieu de l’Air, notre protectrice Nadièze la déesse du Feu, Fietra la déesse de l’Eau et Censiapé le dieu de la Terre. Il existe aussi des divinités mineures, bien plus nombreuses que les principales. Nous n’en connaissons qu’une infime partie : Nolpa dieu des Créatures et des Prophéties, Simétra déesse des Animaux et Swéfagorie déesse du sommeil et de la mort. Ces dieux sont à l’origine des pouvoirs des Velors. Comme par exemple le pouvoir du Feu qui a deux facettes, chacun des dieux principaux a donné naissance à deux enfants, parfois jumeaux, parfois non, chacun représentant une des deux facettes de son élément.

    C’est un peu compliqué à comprendre donc je vais vous illustrer mes propos. Prenons Nadièze. Elle a donné naissance à un garçon et une fille, le Dieu des Flammes, Livulk, et la Déesse du Poison, Mellana. C’est la même chose pour les autres Dieux principaux, même si les enfants ne sont pas toujours un garçon et une fille. Hormis eux, nous ne connaissons que Nyavlis, Dieu des Plantes. Le cours est à présent terminé, vos parents vont bientôt arriver. »

    Arya et Drevor attendirent que les enfants rentrent chez eux pour s’entretenir avec Sage.

    « Je suppose que vous êtes venus pour Dalya… qu’y a-t-il? »

    >>>>>¤<<<<<

    « Ah vous revoilà, s’exclama Nella, alors qu’a-t­-il dit ? »

    Drevor regarda longuement Arya, avant de répondre :

    « Il n’a rien voulu nous dire… On n’en sais pas plus.

    - Mince. »

    Dalya regarda son ami droit dans les yeux, et Drevor eut peur qu’elle n’y lise ses pensées et ne se rende compte de son bouleversement. La manœuvre était assez déroutante, mais au bout d’un moment, elle fit un mouvement de la tête à peine perceptible, et regarda le sol. Elle avait l’air perturbée… et il ne savait pas trop quoi faire. A ce moment, il eut envie de la serrer dans ses bras pour qu’elle se sente mieux. Et c’est ce qu’il fit. La jeune fille fut d’abord surprise, puis elle se mit à sangloter dans ses bras.

    « J’aimerais tant pouvoir faire plus pour toi.

    - Vous en faites déjà tellement…

    - Ca t’fait tant d’mal que ça ?

    - Oui… Je ne sais pas ce que je ferais sans vous… vous êtes si…

    - On est tes amis, Dalya, c’est normal que l’on t’aide. Tu aurais fait pareil pour nous.

    -C’est vrai… Merci encore. »

    Après quelques secondes de silence, Drevor prit une grande inspiration et dit :

    « Dalya, je… »

    Soudain un cor retentit, et le jeune homme se tut.

    « Vous… vous entendez, demanda Dalya.

    - Oui c’est…

    - Ceci n’est pas un exercice ! Monivel est attaqué. Tous les Velors et les guerriers doivent se rendre sur les remparts, les autres doivent se rassembler au Ravendom afin d’évacuer le village d’urgence, soyez sûrs que tout le monde soit là avant de partir, tonna une voix grave, le répétant plusieurs fois pour être sûr que tout le monde l’entende.

    - Allons sur les remparts, s’écria Dalya.

    - Non tu peux pas venir avec nous.

    - Mais je me sens mieux !

    - Que ce soit vrai ou non, Sage t’a dit de te reposer, et comme il a l’air d’en savoir plus que nous, il vaut mieux lui obéir.

    - Mais j’en ais assez ! J’en ai marre de rester assise à rien faire ! C’est horrible, mais bien sûr vous vous en fichez… »

    Drevor planta ses yeux dans ceux de Dalya, et elle soutint son regard sans broncher.

    « Tu crois vraiment qu’on ferait tout ça si tu n’étais pas importante à nos yeux ?! Et puis que veux-tu faire sans ta magie et sans énergie pour te battre ? Dis-moi ? S’il y avait une autre solution crois-moi tu aurais pu nous accompagner ! Mais tu n’es pas en état alors repose-toi. Nous reviendrons avant même que tu ais eu le temps de t’ennuyer.

    - Je vous accompagne quand même ! On a toujours trouvé le moyen de rester ensemble, alors pourquoi veux-tu me laisser là cette fois-ci ?!

    - Comment oses-tu croire que je veux te séparer de nous ? Si je ne veux pas que tu viennes c’est juste pour ton bien ! Tu n’arriverais même pas à marcher jusqu’aux remparts alors arrête de protester et tais-toi un peu ! »

    La réponse de Drevor lui fit l’effet d’une gifle glacée.

    « Drevor…

    -  On y va Arya.

    - Ouais.

    - C'est ça laissez-moi seule et allez-vous amuser ! » Cria Dalya avec colère.

    Elle regretta immédiatement ses paroles.

    Elle regarda ses amis se ruer sur les remparts et éclata en sanglots. Sa mère s’approcha et la serra dans ses bras.

    « Pourquoi ? Pourquoi je lui ai dit tout ça, s’exclama la jeune fille entre deux sanglots, ce n’est même pas vrai !

    - Tu rattraperas le coup quand tu le reverras. Il a raison Dalya, du repos te fera du bien.

    - Je sais… Mais ça me rend malade de me dire qu’ils vont peut-être affronter des ennemis dangereux, et que moi je reste là assise à rien faire !

    - Je comprends ce que tu ressens, ma chérie. Je comprends… Mais nous devons nous en aller, pas le temps de t’apitoyer sur ton sort. Prépare tes affaires. »

     

    Et alors que sa mère partait faire ses affaires, la jeune fille fut tentée de sortir et d’aller rejoindre ses amis. Mais après ce que lui avait dit son ami, elle craignait de se faire rejeter… Elle fixa les remparts avec tristesse. Lui en voulait-il ?

     

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  • « Eh Drevor, on arrive…

    - Ouais on a intérêt à le convaincre. On doit le faire pour Dalya.

    - T’as raison. »

    Pour la deuxième fois de la journée, ils firent irruption dans la pièce alors que Sage faisait cours.

    « Vous êtes revenus… Attendez, je vous prie, j’ai bientôt fini mon cours. »

    Les deux amis s’assirent et assistèrent au cours :

    « Le monde est régit par plusieurs divinités. Les principales sont Suhez le dieu de l’Air, notre protectrice Nadièze la déesse du Feu, Fietra la déesse de l’Eau et Censiapé le dieu de la Terre. Il existe aussi des divinités mineures, bien plus nombreuses que les principales. Nous n’en connaissons qu’une infime partie : Nolpa dieu des Créatures et des Prophéties, Simétra déesse des Animaux, Nyavlis dieu des Plantes et Swéfagorie déesse du sommeil et de la mort.

    Voila, le cours est terminé, vos parents vont bientôt arriver. »

    Arya et Drevor attendirent que les enfants rentrent chez eux pour s’entretenir avec Sage.

    « Je suppose que vous êtes venus pour Dalya… qu’y a-t-il? »

    >>>>>¤<<<<<

    « Ah vous revoilà, s’exclama Nella, alors qu’a-t­-il dit ? »

    Drevor regarda Arya, puis répondit :

    « Il n’a rien voulu nous dire… Nous n’en savons pas plus.

    - Mince. »

    Dalya regarda son ami droit dans les yeux, et Drevor eut peur qu’elle n’y lise ses pensées et ne se rende compte de son bouleversement. La manœuvre était assez déroutante, mais au bout d’un moment, elle fit un mouvement de la tête à peine perceptible, et regarda le sol. Elle avait l’air perturbée… et il ne savait pas trop quoi faire. Mais à ce moment, il eut envie de la serrer dans ses bras pour qu’elle se sente mieux. Et c’est ce qu’il fit. La jeune fille fut d’abord surprise, puis elle se mit à sangloter dans ses bras.

    « J’aimerais tant pouvoir faire plus pour toi.

    - Vous en faites déjà tellement…

    - Ca t’fait tant d’mal que ça ?

    - Oui… Je ne sais pas ce que je ferais sans vous… vous êtes si…

    - On est tes amis, Dalya, c’est normal que l’on t’aide. Tu aurais fait pareil pour nous.

    -C’est vrai… Merci encore. »

    Après quelques secondes de silence, Drevor prit une grande inspiration et dit :

    « Dalya, je… »

    Soudain un cor retentit, et le jeune homme se tut.

    « Vous… vous entendez, demanda Dalya.

    - Oui c’est…

    - Tous les Velors et les guerriers sur les remparts, tonna une voix grave.

    - C’est pas un jour d’entrainement…

    - Alors, allons-y !

    - Non Dalya, tu peux pas venir avec nous.

    - Mais je me sens mieux !

    - Que ce soit vrai ou non, Sage t’a dit de te reposer, et comme il a l’air d’en savoir plus que nous, il vaut mieux lui obéir.

    - Mais j’en ais assez ! J’en ai marre de rester assise à rien faire ! C’est d’un ennui… »

    Drevor planta ses yeux dans ceux de Dalya, et elle soutint son regard sans broncher.

    « Que veux-tu faire sans ta magie et sans énergie pour te battre ? Ecoute Dalya, tu n’iras mieux que si tu te reposes. Nous reviendrons le plus vite possible.

    - Je vous accompagne !

    - Non ! »

    La réponse de Drevor lui fit l’effet d’une gifle glacée.

    « Allons-y Arya.

    - Ouais.

    - Drevor… » Murmura Dalya alors que son ami sortait et la laissait seule avec sa mère.

    Elle regarda ses amis se ruer sur les remparts et éclata en sanglots. Sa mère s’approcha et la serra dans ses bras.

    « Pourquoi ? Pourquoi j’ai fais ça, s’exclama la jeune fille entre deux sanglots.

    - Tu rattraperas le coup quand tu le reverras. Il a raison Dalya, du repos te fera du bien.

    - Je sais… Mais ça me rend malade de me dire qu’ils vont peut-être affronter des ennemis dangereux, et que moi je reste là assise à rien faire !

    - Je comprends ce que tu ressens, ma chérie. Je comprends…

    Et alors que sa mère se perdait dans des pensées, la jeune fille fut tentée de sortir et d’aller rejoindre ses amis. Mais le souvenir de leur dispute la hantait, aussi douloureuse que sur l’instant… Elle fixa les remparts avec tristesse. Lui en voulait-il ?


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  • Les trois amis disparurent dans une lumière dorée. Ils réapparurent dans une salle de classe sous les regards ébahis d’enfants de six à dix ans. Sage les regardait de ses yeux bruns et se grattait le menton. C'était un homme grand qu'il était difficile de ne pas remarquer. On ne connaissait pas vraiment son âge mais il paraissait avoir autour des trente ans, même s'il possédait des connaissances que seule une vie entière pouvait apporter. Il était toujours vêtu simplement : une chemise claire qui contrastait avec ses courts cheveux sombres et un pantalon foncé. Il était habillé ainsi en permanence, qu'il fasse chaud ou froid. Toutefois, la température descendait rarement en dessous de zéro à Monivel.

    « Salut les p'tits, lança Arya, puis elle se tourna vers Sage, On a un problème, faut qu’on… Pardon, il faut que nous vous parlions.

    - D’accord, répondit le vieil homme, Je reviens, les enfants, soyez sages. Et adressez donc une prière à Nadièze, notre protectrice.

    En présence de leur maitre, Arya surveillait toujours son vocabulaire. Sa famille n’utilisant pas toujours un vocabulaire très correct, elle s’y était habituée et parlait comme son entourage. Mais Sage lui ayant souvent reproché cela, elle y faisait attention.

    Aucun enfant ne savait ce qu’ils avaient dit car ils avaient parlé par télépathie. Tandis que les enfants se mirent à discuter, les adolescents suivirent Sage dans une autre pièce. C’était un salon car le vieil homme enseignait dans sa propre maison et avait aménagé une pièce pour en faire sa salle de classe. Ils s’assirent sur un canapé.

    « Dalya a des pressentiments étranges, annonça Drevor, je ne sais pas s’ils sont fondés ou si Dalya est tout simplement malade.

    - Je ne pense pas être malade. Mais j’ai la certitude que quelque chose de très important va se produire, et j’ai peur que ce soit négatif, développa la jeune fille, c’est vraiment une certitude et pas un pressentiment, j’ignore pourquoi mais j’en suis sûre ! En plus je sens une sorte de présence maléfique. »

    Sage fronça les sourcils, il semblait inquiet.

    « Un évènement important ? Tu es vraiment sûre de ce que tu dis ? Monivel est un endroit calme… J’avoue que je ne comprends pas vraiment.

    - Je ne sais pas comment l’expliquer mais j’en suis absolument sûre. C’est tout…

    - Pourrais-tu me décrire cette sensation que tu as concernant une présence maléfique ?

    - Euh… Je sens une étrange chaleur, elle est étouffante et désagréable. C’est un peu comme quand on fait un cauchemar : on sait que quelque chose de mal va arriver et on ne se sent pas bien. C’est pour cela que je pense que c’est maléfique, et c’est là aussi une étrange certitude…

    - Je vois.

    - Mais pourquoi on le s… pourquoi ne le sentons-nous pas nous, demanda Arya, si elle le sent, d’autres personnes le pourraient certainement aussi !

    - Je ne sais pas quoi dire de cette certitude… A moins que Dalya ait des talents de voyance, mais je ne pense pas. Elle semble être plus sensible au mal que nous tous. Concentré dans un, ou plusieurs êtres situés à proximité, c’est une chose qui peut la perturber. C’est une explication plausible. Ce doit être pour cela que nous ne pouvons pas le sentir.

    - Que pouvons-nous faire pour l’aider, demanda Drevor, Vous pensez que c’est quelqu’un de notre village qui est maléfique ?

    - Je crains que vous ne puissiez rien faire. Mais du repos lui ferait du bien, vous devriez la ramener chez elle. Et je ne pense pas que ce soit quelqu’un du village, il peut même être si loin qu’on ne puisse pas le distinguer, donc ne t’inquiètes pas.

    - Je peux me téléporter pour rentrer.

    - Non ! Dalya, il ne faut surtout pas que tu utilises tes pouvoirs. Et puis, marcher te changera les idées. Si vous en avez besoin, revenez me voir. A bientôt.

    - Au revoir. »

    Le retour se fut sans problème et, effectivement, marcher changea les idées de Dalya, bien que celle-ci soit toujours songeuse quant à son étrange impression. Elle passa devant la botaniste et la vit arroser abondamment ses plantes pour que la chaleur ne les tue pas. Il y avait des plantes venant de Witteroze tout entier, et la jeune fille s’imaginait les autres royaumes à partir de ces plantes à l’odeur de l’aventure, et des descriptions que leur avait faites Sage.

    Les trois amis étaient restés silencieux, méditant les paroles de leur professeur. Ils arrivèrent chez Dalya plus tôt qu’ils ne le pensaient. Ils entrèrent et la mère leurs ouvrit.

    « Salut Nella, lui lança Arya, on est revenus parce que Dalya… Bah elle se sent pas bien.

    - C’est vrai qu’elle est pâle, remarqua sa mère, Que s’est-il passé ?

    - Je vais t’expliquer », dit Drevor.

    Il raconta comment Arya et lui avait trouvé Dalya puis parla de leur discussion avec Sage, Arya ajoutant les détails qu’il omettait.

    « Et nous sommes rentrés sur les conseils de Sage, acheva Drevor.

    - Des êtres maléfiques approcheraient ? C’est très alarmant. Cela expliquerait toutefois son étrange sensation. Et pourquoi Dalya y est sensible ? C’est étrange…

    - Pour nous, peut-être, déclara Dalya, la voix légèrement tremblante, mais Sage le sait sûrement… Il nous cache quelque chose.

    - Comment peux-tu en être si sûre, demanda Drevor.

    - Les yeux disent toujours la vérité… Et puis il a l’air d’en savoir long sur le sujet, vu ce qu’il a dit.

    - Si tu l’dit, j’te fais confiance, comme d’hab.

    - Moi aussi. Arya et moi irons voir Sage pour savoir ce qu’il nous cache. Si ça peut t’aider, je le fais sans hésiter, affirma son ami.

    - Merci mais je vais vous accompagner.

    - Je ne suis pas sûre que… » commença Nella.

    Dalya s’était levée. Elle fit quelques pas avec assurance mais rapidement, sa démarche devint chancelante et elle trébucha. Drevor la rattrapa avant qu’elle ne touche le sol et la déposa sur le canapé.

    « Je ne peux même plus marcher, gémit-elle.

    - Tu peux pas nous accompagner, annonça Arya, catégorique.

    - Mais, protesta Dalya.

    - Ne t’inquiète pas, assura Drevor, on s’occupe de tout. Repose-toi plutôt.

    - D’accord, soupira la jeune fille.

    - T’es enfin raisonnable. Cool ! Allez viens Drevor, on y va. A toute Dalya ! »

    Arya sortit, rapidement suivie de Drevor, laissant leur amie avec sa mère.

    « Tu te sens bien, s’inquiéta Nella.

    - Pas vraiment, j’ai l’impression qu’on me broie l’estomac en même temps de me comprimer la poitrine. Ce n’est pas très fort, mais ça reste douloureux.

    - J’espère de tout cœur que tes amis pourront t’aider.

    - Moi aussi. »

     

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  • Puis, tout devint flou autour d’elle, elle voulait rester mais une force plus puissante qu’elle la tirait du rêve sans qu’elle ne puisse rien y faire. Elle vit le monde se redessiner autour d’elle, elle aperçut des branches, des feuilles, un tronc et le ciel éternellement violet de chez elle. Ce violet qui se mêlait au vert sans qu’elle sache que quelque part, loin d’ici, cette couleur incongrue était remplacée par du bleu. Puis elle vit le village s’étendant sous ses pieds, la verdoyante forêt d’Enertel ainsi que les montagnes de Benzéral. Drevor et Arya se trouvaient à côté d’elle.

    « On t’a cherchée partout, s’exclama Arya.

    - Mais bon maintenant on t’a trouvée, dit Drevor, ça va ?

    - Pas vraiment », répondit Dalya.

    Et elle leur parla de son étrange impression qu’il allait se passer quelque chose de grave. Mais elle passa sous silence son rêve, elle voulait y réfléchir d’abord.

    « Tu n’as aucune idée de ce que ça pourrait être ? demanda son ami.

    - Non. Mais ça n’a aucun rapport avec la sécheresse de la semaine.

    - Ca t’est déjà arrivé ? Une chose de ce genre je veux dire, il m’arrive d’avoir des mauvais pressentiments… Tu pense que c’en est un ?

    - Je… Je ne pense pas. Je suis intimement convaincue que ce n’est pas cela. J’ai l’impression que nos vies vont changer… A cause de quelque chose d’important, de grave. J’ignore de quoi il s’agit.

    - Mais… c’que tu dis c’est un peu étrange, tu trouves pas ?

    - Si bien sûr mais je comprends absolument pas ce qu’il m’arrive !

    - Tu es peut-être malade, suggéra Drevor d’une voix douce, et la maladie te fait ressentir des choses bizarres.

    - Vraiment, ça m’étonnerait que ce soit ça… Je suis en pleine forme ! Et je n’ai pas de fièvre.

    - Oui ce n’est sans doute pas une très bonne raison. Mais ton histoire m’échappe alors…

    - Elle m’échappe à moi aussi, n’en doute pas. Mais bon on va mettre ça de côté pour le moment ! Faisons autre chose. »

    Dalya leur sourit afin de les rassurer.

    « D’accord, mais si quelque chose arrive et qu’on n’est pas là tu nous appelles !

    - Oui. »

    Par s’appeler, Arya voulait dire, s’appeler par télépathie. Cela faisait partie des capacités des Velors, mais celle-ci n'était pas innée et il fallait donc l'apprendre. Les trois adolescents étudiaient chez Sage, qui était lui-même un Velor du Feu. Mais Sage n’était pas son prénom : personne ne le connaissant, on avait fini par l’appeler ainsi. Il semblait ne pas vouloir leur dire son prénom, mais ce n'était pas vraiment important. Avec lui, Dalya et Drevor avaient appris à contrôler une sphère de Feu qu’ils avaient créée, à embraser une chose, et à propager le Feu ou au contraire, à le contenir, à toucher le feu sans être brûlé. Comme Arya était une Velor du Poison, ces capacités n'étaient pas à sa portée. Ses pouvoirs étaient cependant similaires et elle avait appris à former des sphères de poison ainsi qu’à empoisonner une lame. Même si son poison n'était pas très puissant il était efficace au moins à long terme. Ainsi elle avait pu réduire à néant des objets peu résistants.

    Sage leur avait appris à tous les trois ainsi qu'à ses autres élèves deux façons de parler par télépathie. Grâce à lui, Drevor avait appris à maîtriser ce don qu’il était seul à posséder, la téléportation. Depuis longtemps il savait s’en servir mais Sage lui avait permis d’y arriver encore mieux. Toutefois il était impossible à l’adolescent de se téléporter quand il avait peur, bien qu’il ait déjà essayé plusieurs fois.

    « Le premier arrivé en haut d’l’arbre ? demanda Arya.

    - Ok, acquiesça Drevor, le premier en haut.

    - Trois, deux, un, compta Dalya.

    - Go ! »

    Ils commencèrent à monter, et Drevor fut aussitôt au sommet grâce à la téléportation.

    « Eh, cria Arya, on triche pas ! »

    Drevor éclata de rire, les raillant ouvertement, et ses amies finirent par la rejoindre en riant elles aussi. Cela faisait du bien à Dalya de se détendre avec ses pressentiments étranges. Mais subitement elle devint pâle et écarquilla les yeux.

    « Qu’est-ce qu’il y a, s’alarma Drevor.

    - Je… je sens quelque chose…

    - Tu sens quoi, lui demanda Arya qui lui tenait le bras.

    - Je ne sais pas trop. Je crois que je sens une sorte de… présence. Maléfique ?

    - Une présence… maléfique, s’étonna Drevor, Euh... Tu plaisantes ? Enfin, comment veux-tu qu’il y ait des personnes maléfiques ici avec Sage qui veille sur nous ?

    - Je ne sais pas, c’est aussi flou que… que cette sensation étrange qui me hante depuis ce matin.

    - Dalya…  Tu dois juste être malade, peut-être que c’est ça après tout, déclara m’adolescent, pas vraiment convaincu lui-même.

    - C’est vrai, Drevor a raison, Ce doit être une bonne fièvre qui t’fait délirer…

    - Je ne pense vraiment pas que je sois malade ! C’est totalement incompréhensible !

    - Je crois qu’on f’rait mieux de rentrer et d’aller voir Sage.

    - Tu as raison Arya, on y va.

    - Oui, Sage devrait pouvoir nous aider ! »

    Car en plus d’être un professeur et un Velor, Sage était un guérisseur, c’était vers lui qu’il fallait aller en cas de problème.

     

    « Je vais nous téléporter, déclara Drevor, ça nous fera gagner du temps. »

     

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